La représentation de l’autre
La motivation de l’envahissement de l’Ukraine prend
comme prétexte
l’idée qu’une partie des Ukrainiens soit fasciste
et qui oppresse ceux qui ne le seraient pas
en étant restés fidèles aux valeurs de la sainte
Russie,
imperméable aux mœurs dissolus et innommables de
l’occident.
On entend dans le discours de la rue
qu’il conviendrait
d’exterminer les fascistes qui peuplent tout
l’occident de l’ouest.
La faculté de la pensée
La faculté d’attribuer
des intentions et des attributs de vie et d’action à
l’autre
sans être allé chercher la réalité des faits au-delà
des apparences
conduit à penser que l’autre
par sa vie ou par une volonté délibérée
remet en cause mes croyances
que je perçois comme des vérités.
Cette faculté de la pensée conduit à imaginer que
l’autre est un agresseur
ou que l’autre parce qu’il vit bien
est un nantis et un privilégié
Sans effort il obtient tout ce dont il a
besoin.
C’est un mécréant qui n’est pas punis de
ses fautes et de ses malveillances
au regard de la société
qui me contraint à vivre
avec effort dans l’indigence.
Les manières de vivre différentes de l’autre,
ses mœurs ne respectant pas mes valeurs
remettent en cause les modes de vie de ma propre
communauté.
Cette remise en cause conduit de la même manière
à diaboliser les autres
et donc à les rendre dangereux pour sa propre survie.
Ainsi, les sujets du groupe sont perméables et
sensibles à tout appel
invitant à une
croisade pour les éliminer.
Le massacre des italiens des salins d’Aigues Mortes en
1893
Les multiples pogroms envers les juifs dont
l’Allemagne Nazie s’est distinguée parmi tous,
Les différents génocides,
Comme les massacres ethniques ou les actes terroristes
sont l’expression contemporaine
des mythes annonciateurs de ces comportements
dès les origines de l’humanité
dès qu’elle a pu écrire et penser sa vie en société
selon le principe de la rivalité.
La rivalité entre frères
Le mythe de
Caïn est celui que je préfère
Croire que son frère vivant paisible est favorisé par
dieu,
Et le tuer
pour dire à dieu sa colère
qu’il n’ait pas apprécié son offrande comme il se
devrait
Est une histoire fabuleuse !
Je tue mon frère car je suis en colère
contre l’idée que je me fais d’un dieu dont je ne suis même pas sûr qu’il
existe, et à qui j’attribue la volonté de me nuire car j’imagine sans aucune
preuve que je ne le sers pas comme il faudrait que je le servisse
C’est vraiment fabuleux !
Le complexe de la rivalité
La mythologie de la rivalité fraternelle est le
complexe bien plus prégnant pour comprendre la vie des humains
que celui que Freud choisit de mettre en exergue avec
le pauvre Œdipe.
La vente de Joseph comme esclave à des
caravaniers par ses frères
Les luttes entre Polynice et Etéocle pour
la gouvernance de Thèbes
Comme la révolte d’Antigone s’opposant au
dictat du dictateur
Sont des histoires
Qui collectionnent les réflexions et les imaginaires
pour comprendre les relations en humanité.
Romulus et Rémus, fondateurs mythiques de
Rome ne dérogent pas à la règle
que la rivalité fraternelle
prépare les grands événements de l’histoire des
relations de la fraternité des humains.
Il est alors possible de concevoir que le frère de
Kiev
Attribue à ses frères le surnom de fascistes
pour justifier la libération de la partie de l’Ukraine
perçue par l’oncle Sam comme un bon allié...
La faculté à créer des fictions
La faculté de l’humain à créer des fictions
est constitutive
de la structure de pensée de Sapiens
Par la pensée et la conscience de soi,
il imagine les intentions de l’autre
en fonction de
ses propres cheminements de pensée
et de sa vision de la causalité des événements,
que ce soit en bien ou en mal.
En bien cela conduit à la coopération,
Comme le manifeste la rencontre de Gilgamesh et
d’Enkidou
Dans le mythe original
Qui célèbre la valeur de l’amitié et de l’union des
efforts
pour vaincre l’adversaire.
En mal cela conduit à imaginer
que l’autre me
veut du mal inévitablement et nécessairement :
"l’homme serait un loup pour
l’homme"
nous enseignent faussement
Plaute, Hobbes et Marx.
Le tragique
Cette vision a fort souvent dominé dans la lecture de
l’histoire
Oubliant de rappeler et de raconter
tous les gestes de bravoure et de fraternité
coopérative
Elle a été et elle est
à l’origine de la tragédie humaine.
Le théâtre et ses mises en scène sont là
pour le rappeler et pour le présenter
comme si cette tragédie ne pouvait pas être évitée.
La quête de la vérité
Contre cette tendance spontanée
à attribuer des représentations en forme de fiction,
s’est constituée depuis les premiers philosophes et
mathématiciens astronomes
la quête de la réalité des choses
La démarche commune a consisté
« à lever le voile »
A-létheia
que les perceptions sensorielles spontanées et
évidentes et donc subjectives
jetaient sur la réalité.
L’objectif était
d’accéder à la réalité
des observations, des phénomènes et des intentions des
autres.
Cette quête de la « vérité » comme démarche
a été brutalement interrompue
par les réflexions sur l’incapacité du langage à
représenter la réalité :
La pensée n’énonce que des
représentations.
Elle n’accède pas exactement à la réalité.
La carte est différente du territoire.
Les représentations sont subjectives.
Elles dépendent du point de vue de leur
auteur.
Celui qui de
sa place voit un 6
n’est pas dans la position pour voir que
la trace qu’il observe est un 9.
Ces allégations partielles ont fondé le
règne de l’opinion
La faculté de représentation subjective
conduit à produire des opinions.
Lorsqu’à été établi le fait
- que les opinions sont à respecter,
- que chacun peut énoncer ses opinions
sans qu’il soit interrogé sur la véracité de ses dires
- et qu’un système politique a été
institué sur ce principe mettant en évidence
◦
que l’opinion du plus grand nombre prime sur l’opinion des minorités
sans référence à une quelconque méthode
d’objectivation des récits
au regard de la réalité des phénomènes
◦
et qu’elle doit les gouverner,
alors
est établi
le principe de la violence humaine des
plus destructrice.
En effet
celui qui a
édifié son opinion comme la vérité,
s’il possède le pouvoir que lui a conféré le plus
grand nombre
alors
il n’est plus en mesure d’entendre la version d’un
autre.
La vision de l’autre ne peut être considérée que comme
fausse
ou comme inopérante
puisque le plus grand nombre porte la sienne.
Celle de la minorité quelle que soit sa valeur
doit se taire ou ne pas avoir d’effet sur la conduite
de l’économie du groupe.
La révolution des Lumières
Les Lumières ont constaté que la vérité
crue par le peuple et leur gouvernant
était une fiction fondée sur aucun critère de
vérité ;
cette fiction s’appuyait sur la croyance en une
divinité qui accordait le pouvoir aux puissants
Il leur a suffi de démanteler l’organisation de la
croyance, pour produire et initier une révolution qui a fait trembler toute
l’Europe.
Elle s’est vue opposer une réaction virulente
que seul l’art de Napoléon vaincra un certain temps
jusqu’à sa perte en Russie.
De cette expérience de la démocratie et de ses
pratiques,
les conjectures
de ces penseurs
se sont incarnées dans la vie publique
si bien qu’il est maintenant communément accepté
que la vérité ne peut pas être atteinte
et donc que les échanges entre les humains
ne peuvent se faire qu’à partir d’opinions
subjectives.
Se faisant
la violence est entrée dans le monde
avec une expression inhabituelle,
comme lorsqu’à l’âge de fer la violence avec ses armes
nouvelles a conduit à des guerres immensément plus meurtrières que les
précédentes.
A Gaugamèles, Alexandre le Grand (-331)détruit 50000 âmes en une journée
De même la violence des sociétés de l’opinion n’a
trouvé aucune limite
sauf celle de la dissuasion des armes nucléaires
ou de la force de la sagesse.
La place des "intellectuels"
La perte de la possibilité d’accéder à la réalité des
choses
par la représentation de la structure de toute
réalité,
en découvrant sa loi structurelle
est le drame d’une tragédie humaine
qui n’a plus de moyen de se réguler
que par la force et la course aux armements
Il n’y a plus d’autorité de la réalité
Qui imposerait sa contrainte.
Dans ces conditions
les "sages de l’intelligence" sont
les régulateurs les mieux placés
de la politique et de la vie sociale.
Ils rappellent la nécessaire bataille
contre le cerveau
qui produit films, fictions et rumeurs de complots.
Ces productions,
lorsqu’elles se transforment en croyances
énoncées et portées par des guides d’opinion ou chef
d’Etat
deviennent des noyaux de certitudes
qui rassemblent les foules irraisonnées et
irraisonnables ;
bataillons pour l’extermination de ceux qui ne croient
pas
à leur manière de voir les éléments de la vie.
La recherche de la volonté générale
comme le respect des opinions
sans critères de vérité
sont à l’origine même de la violence occidentale
sur-meurtrière et destructrice des patrimoines
nationaux comme internationaux.
Comme la formation à la démocratie
avec la liberté d’expression de toutes opinions à
respecter
est le ferment de violences surmeurtrières
Il conviendrait alors impérativement
et absolument d’encadrer
la liberté d’expression
non par la force
mais par l’éthique de la vérité.
Autrement dit, il serait important d’éduquer
les enfants, les jeunes et les citoyens à
Penser contre leur cerveau
Mais que c’est dur !!!!
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