lundi 17 avril 2017

A propos du mensonge

La question du mensonge  ou la notion de post vérité

Il y a bien longtemps qu’en psychologie sociale a été acté le fait que les gens appartenant à un groupe attribuent plus de crédit de vérité aux discours de leur dirigeant et de leur organe de communication (presse, radio, TV) qu’aux discours de vérité que peuvent énoncer ceux  (les autres) qui  appartiennent à un autre groupe de référence.

Cette propension à croire ses « amis » provient du fait que les échanges sociaux se font sur la base du témoignage et de la confiance accordée à ses proches. En effet, c’est la confiance accordée qui construit la cohérence et la cohésion du groupe.  Elle est un impératif pour l’appartenance à un groupe « d’amis ».

Un groupe n’existant qu’à la condition que la confiance soit accordée à la parole de témoignage de ses participants,
Ainsi,  il est tout à fait naturel et normal qu’un groupe soit spontanément
soumis au totalitarisme lorsque la croyance supplante la quête de la vérité.


Par contre, comment se fait-il que des témoins, des porteurs de messages disent des mensonges ?

Il est à remarquer, que ces mensonges sont perçus comme tels que par ceux qui n’appartiennent pas au groupe d’appartenance de ces messagers.
Deux possibilités de réponses
Ø  soit par ce que les porteurs d’informations, eux-mêmes, sont dans la croyance de ce qu’on leur dit et que leur certitude et leur croyance viennent déformer la réalité qu’ils observent, ils ne se perçoivent pas comme des menteurs, déformant la réalité.
Ø  soit, ils le font pour tromper leurs partisans dans le but de conquérir le pouvoir.
Cette deuxième solution n’est pas tenable sur le long terme, car elle lamine la force de conviction. Un messager ne porte des informations avec force que s’il les croit, lui-même, justes.
Il y a une exception à cette règle ; c’est le cas où le messager est un espion qui travaille pour le compte d’un autre groupe. Dans cette condition, le menteur est dirigé par une force d’intérêt très difficile à déjouer. Cependant, la réalité lui fera faire des erreurs. Les partisans d’un groupe doivent donc analyser toutes les erreurs de leur dirigeant espion. Ce qui est impossible, car pour faire cela, ils doivent interroger leur confiance de base ce qui détruit le groupe…La boucle est bouclée….
En fait, comme la force de conviction d’un chef, qui entraine ses troupes de partisans, est qu’il croit lui-même à ses croyances, il ne peut pas s’aperçoit qu’il déforme la réalité.
Imaginer qu’il le peut est une erreur stratégique immense de ses opposants.
En apportant la contradiction à ses propos par souci de vérité,  ils le renforcent dans ses croyances et se positionnent en persécuteurs. Ainsi, ils renforcent, la cohésion du groupe de ses partisans autour de lui et facilitent l’agrégation de sympathisants qui trouvent injustes les coups qui lui sont portés. Les contradicteurs recueillent l’inverse des fruits qu’ils espéraient.
La démarche relève du refus d’apporter un regard différent en direct.  Il convient de créer un lien de socialité bienveillant afin de se rendre indispensable par un lien « d’amitié » et ainsi pouvoir insuffler une autre représentation de l’intérieur :
Ø  c’est la démarche de l’espion qui infiltre un groupe dans le but non de le détruire mais de le ramener à la raison.
Ø  C’est ainsi qu’opèrent tout scientifique : il est dans le groupe social et il interroge de l’intérieur les représentations par la démarche expérimentale.
Ø  C’est ce qu’opère, inévitablement, la prise de pouvoir. Elle fait voler en éclats toutes les promesses électorales au contact de la réalité socio-économique, impliquant la confrontation factuelle avec tous les autres groupes de la nation et tous les autres nations partenaires.


Le risque de croire de plus en plus en ses croyances, guette comme un danger imminent tout chef ou manager.


Toute personne qui occupe l’autorité de cohésion et de coordination d’un groupe - de par le fonctionnement de la pensée sociale qui s’auto-renforce ses croyances - risque de ne plus voir la réalité telle qu’elle se présente. Il va l’imaginer telle qu’il veut qu’elle soit, en fonction de ses croyances
C’est pourquoi une quantité de managers créent du conflit en ne pouvant plus écouter les nouvelles du terrain. Ils perdent pieds et conduisent leur organisation dans l’impasse.
La qualité d’un manager ou d’un responsable est de garder toujours en œuvre un mode de connaître la réalité avec des outils qui le dégagent de ses représentations.
Ø  L’explicitation des processus décisionnels de ses collaborateurs lui permet pour lui-même de se dégager de sa vérité en se centrant sur la vérité du terrain.

Ø  la mise en schéma de tous les éléments de la réalité racontée par ses collaborateurs lui permet de dégager ses collaborateurs de leurs propres bévues et d’accéder ensemble à la connaissance de la structure du réel.