La question du mensonge ou la notion de post vérité
Il y a bien longtemps qu’en psychologie sociale a été acté
le fait que les gens appartenant à un groupe attribuent plus de crédit de
vérité aux discours de leur dirigeant et de leur organe de communication
(presse, radio, TV) qu’aux discours de vérité que peuvent énoncer ceux (les autres) qui appartiennent à un autre groupe de référence.
Cette propension à croire ses « amis » provient du
fait que les échanges sociaux se font sur la base du témoignage et de la
confiance accordée à ses proches. En effet, c’est la confiance accordée qui
construit la cohérence et la cohésion du groupe. Elle est un impératif pour l’appartenance à un
groupe « d’amis ».
Un groupe n’existant qu’à la condition que
la confiance soit accordée à la parole de témoignage de ses participants,
Ainsi,
il est tout à fait naturel et normal qu’un groupe soit spontanément
soumis au totalitarisme lorsque la croyance
supplante la quête de la vérité.
Par
contre, comment se fait-il que des témoins, des porteurs de messages disent des
mensonges ?
Il est à remarquer, que ces mensonges sont perçus comme tels
que par ceux qui n’appartiennent pas au groupe d’appartenance de ces
messagers.
Deux possibilités de réponses
Ø
soit par ce que les porteurs d’informations,
eux-mêmes, sont dans la croyance de ce qu’on leur dit et que leur certitude et
leur croyance viennent déformer la réalité qu’ils observent, ils ne se
perçoivent pas comme des menteurs, déformant la réalité.
Ø
soit, ils le font pour tromper leurs partisans
dans le but de conquérir le pouvoir.
Cette deuxième solution n’est pas tenable sur le long terme,
car elle lamine la force de conviction. Un messager ne porte des informations
avec force que s’il les croit, lui-même, justes.
Il y a une exception à cette règle ; c’est le cas où le
messager est un espion qui travaille pour le compte d’un autre groupe. Dans
cette condition, le menteur est dirigé par une force d’intérêt très difficile à
déjouer. Cependant, la réalité lui fera faire des erreurs. Les partisans d’un
groupe doivent donc analyser toutes les erreurs de leur dirigeant espion. Ce
qui est impossible, car pour faire cela, ils doivent interroger leur confiance
de base ce qui détruit le groupe…La boucle est bouclée….
En fait, comme la force de conviction d’un chef, qui entraine ses
troupes de partisans, est qu’il croit lui-même à ses croyances, il ne peut pas s’aperçoit
qu’il déforme la réalité.
Imaginer qu’il le peut est une erreur stratégique immense de ses
opposants.
En apportant la contradiction à ses propos par souci de
vérité, ils le renforcent dans ses
croyances et se positionnent en persécuteurs. Ainsi, ils renforcent, la
cohésion du groupe de ses partisans autour de lui et facilitent l’agrégation de
sympathisants qui trouvent injustes les coups qui lui sont portés. Les
contradicteurs recueillent l’inverse des fruits qu’ils espéraient.
La démarche relève du
refus d’apporter un regard différent en direct. Il convient de créer un lien de socialité
bienveillant afin de se rendre indispensable par un lien « d’amitié »
et ainsi pouvoir insuffler une autre représentation de l’intérieur :
Ø
c’est la démarche de l’espion qui infiltre un
groupe dans le but non de le détruire mais de le ramener à la raison.
Ø
C’est ainsi qu’opèrent tout scientifique : il
est dans le groupe social et il interroge de l’intérieur les représentations
par la démarche expérimentale.
Ø
C’est ce qu’opère, inévitablement, la prise de
pouvoir. Elle fait voler en éclats toutes les promesses électorales au contact
de la réalité socio-économique, impliquant la confrontation factuelle avec tous
les autres groupes de la nation et tous les autres nations partenaires.
Le
risque de croire de plus en plus en ses croyances, guette comme un danger
imminent tout chef ou manager.
Toute personne qui occupe l’autorité de cohésion et de
coordination d’un groupe - de par le fonctionnement de la pensée sociale qui
s’auto-renforce ses croyances - risque de ne plus voir la réalité telle qu’elle
se présente. Il va l’imaginer telle qu’il veut qu’elle soit, en fonction de ses
croyances
C’est pourquoi une quantité de managers créent du conflit en
ne pouvant plus écouter les nouvelles du terrain. Ils perdent pieds et
conduisent leur organisation dans l’impasse.
La qualité d’un
manager ou d’un responsable est de garder toujours en œuvre un mode de
connaître la réalité avec des outils qui le dégagent de ses représentations.
Ø
L’explicitation
des processus décisionnels de ses collaborateurs lui permet pour lui-même
de se dégager de sa vérité en se centrant sur la vérité du terrain.
Ø
la mise
en schéma de tous les éléments de la réalité racontée par ses
collaborateurs lui permet de dégager ses collaborateurs de leurs propres bévues
et d’accéder ensemble à la connaissance de la structure du réel.
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