Lorsqu’un groupe de salarié
est très hostile, la démarche pédagogique consistant à expliquer les raisons du
changement et les fondements d’une prise de position stratégique et
opérationnelle aussi bien commerciale que gestionnaire des ressources humaines
et matérielles est tout à la fois
nécessaire mais aussi nécessairement
vouée à l’échec. L’échec de toute pédagogie explicative relève du fait qu’en
situation défensive et de conflit identitaire tout interlocuteur n’a plus accès
à la raison et à l’ouverture à la compréhension de l’autre.
il est donc impératif
d’exposer les fondements des décisions pour satisfaire à l’obligation de donner
les raisons d’une directive ou d’une action mais en sachant que la réception
sera biaisées et que l’interlocuteur rétorquera par un autre système de
rationalité.
Connaissant cette loi de la
communication en situation d’incompréhension défensive, le manageur doit
impérativement arrêter d’exposer la pertinence de sa position pour le lancer
dans l’explicitation de la position de son adversaire. Dans cette situation
aucune négociation est possible les échanges relève d’un conflit de pouvoir et
de tentative de domination de l’interlocuteur.
La démarche d’explicitation
consiste à prendre en compte la parole de l’autre et d’en faire développer la
logique par son auteur. Pour cela il s’agit de matérialiser la parole afin
qu’elle devienne un objet produit à analyser.
Techniquement il est
impératif d’écrire avec une précision minutieuse et méticuleuse le ou les propos
sur un support permettant à l’ensemble des participants de bien voir les
écrits.
ce procédé présente de
nombreux avantages. Le premier il donne à l’auteur la possibilité de se rendre
compte de sa parole. Cela peut l’arrêter
de proférer des paroles inconsidérées.
le deuxième il oblige à
réduire le débit et conduit à proposer à son interlocuteur de prendre en compte
la possibilité d’écriture de son récepteur, cela crée de la coopération
nécessaire.
Le troisième il rompt le
lien de subjectivité qui est présent dans le face à face des échanges en
permettant l’objectivité de la parole.
Enfin il permet de reprendre
chaque parole pour en approfondir le sens et le lien avec les contrainte de la
réalité.
Les effets ne peuvent pas
être négatifs si celui qui conduit l’explicitation des récits reste dans la
démarche d’objectivation des propos et des actes de leur auteurs. Il ne faut en
aucun cas qui s’offusque des énoncés exposés.
Les réactions possibles sont de trois ordres.
·
la réactivité agressive : face à l’objectivation des paroles une adversaire hostile saisi
intuitivement que la démarche va le conduire à dévoiler les failles de son
raisonnements au reagrd des contraintes de toute la réalité et qu’il s’expose à
devoir changer sa position. Il aura donc
tendance à demander : pourquoi vous écrivez ce que je dis ? vous
voulez l’utilisez contre moi ? Vous montez un dossier contre moi ?
vous me harcelez ?....
o
La réponse à ce type de réaction
consiste tout d’abord à répondre à la question
du pourquoi écrire.
§ Il s’agit de signifier d’une part l’intention qui consiste à prendre en
compte de façon précise la parole car elle représente une importance capitale
et donc signifie la prise en grande considération de son auteur par le biais de
la reconnaissance de la factualité de sa production. D’autre part cela permet
de repositionner les interlocuteurs dans l’objectif de relation qui s’impose
dans une démarche de coopération qu’est le leiu d’une réunion en entreprise
celui de l’objectif de production dans le cas présent de produire une
connaissance et une stratégie d’action commune au regard des contingences et
des contraintes de la réalité prise en compte différemment par les différents
partenaires.
o
ensuite, si ce n’est pas
suffisant, et que les interlocuteurs
continuent d’attribuer une intention de malveillance, il s’agit alors de
demander ce que ces derniers font quand ils énoncent les propos du type « vous voulez utilisez utiliser vos
notes contre nous ». Il faut faire attention de ne pas demander le sens de
leur propos mais bien les inviter à énoncer ce qu’ils font sans le leur dire.
Généralement ils ne peuvent pas répondre à la question et dévient sur un autre
sujet. L’animateur de la réunion doit cependant ramener à la réponse à cette
question. Il ne peut pas la répéter sans la préciser c’est bien la deuxième
fois où il va tenter de faire expliciter ce que fait un interlocuteur avec ce
type de propos. Il énoncera par exemple il me semble que vous m’attribuer une
intention une intention de malveillance à votre égard ? mais je peux me
tromper ! La réponse est généralement défensive et en
acceptation de la réalité avec des tentatives de détournement. Si
l’interlocuteur affirme qu’il ne peut pas en être autrement car la position
hiérarchique impose cette place d’oppression que suppose Marx alors il est facile de conclure l’entretien
en rappelant qu’il a certainement et qu’il est très fort de savoir les
intentions qui se trouvent dans la tête d’un autre.
·
cela ramène à la deuxième
réactivité possible l’acceptation soumise du mode de communication
pour ne pas briser le lien social
o
dans ces conditions, il s’agit de
travailler à l’explicitation de la parole énoncée au regard de la réalité de la
situation présentée.
·
on se trouve alors dans le cadre
de la troisième réaction possible celle de la coopération dans le but
d’analyser à partir des énoncés de représentation la réalité avec toutes ses
contraintes. Pour éviter les débats d’opinion il s’agit alors de prendre en compte
tous les éléments apporté par chacun en les inscrivant sous une forme de schéma
qui met en exergue les éléments constitutifs de la situation observée et leur
relation pour pouvoir analyser l’ensemble des données exposées sur un seul
schéma. Cette permet de ne pas polariser sur une seule problématique et de
mettre toutes les problématiques en cohérence.
La
réponse à la première question est aussi une réponse à la deuxième. En
effet en opérant avec une méthode qui prend en compte toutes les paroles et qui
les travaille selon la technique de la schématisation en triade (cf quand l’art de manager devient une science
Michit 2014 ed MC2R) inévitablement un manager récupère la volonté de coopérer
même des plus récalcitrants à part ceux qui ont décidé de quitter le monde de
l’entreprise pour en faire l’arène d’un combat
politique. dans ces situations extrêmes l’interrogation de l’action et
la quête de l’objectif de relation définit clairement les logiques et définit le
périmètre des relations en posant la cohérence des espaces relationnels selon
leur objectifs structurels : l’entreprise la production, la rue et les
élections l’objectif de la politique.
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