vendredi 7 juin 2024

comment changer la personnalité pour éviter les récidives et les habitudes inappropriées

 

Peut-on changer une personnalité ?

J’ai posé la question à un grand nombre de personnes. La réponse est généralement négative. La raison invoquée met en évidence qu’une personnalité est une construction élaborée au cours de toute une histoire de vie qui a construit les comportements et les attitudes comme des habitudes érigées comme des structures qui permettent d’équilibrer une identité comme une ossature de charpente assure la stabilité d’un édifice. 

Il est à noter, comme il arrive souvent, que les personnes répondent sans avoir pris le temps d’analyser ce qu’est la structure d’une personnalité.

En effet, sans aucun doute, l’identité est le fruit de toute l’histoire d’une personne.

Cette histoire a commencé dès la naissance en accumulant les expériences significatives seconde après seconde. Celles-ci vont s’engrammer lentement par couches successives du fait de la répétition des micro-actions du quotidien qui étonnamment sont toutes semblables. Dans le cas de la superposition par couches successives la personnalité surgit du fait non seulement de la toute première structure identitaire du bébé mais aussi de celle des parents éducateurs, camarades et collègues lors des interactions journalières avec ces acteurs. Ces interactions vont peu à peu orienter les habitudes de l’enfant dans ses « choix » spontanés  vers l’un des quatre des objectifs de relation influençant systématiquement sa réactivité relationnelle en priorisant l’un deux implicitement.

Toutefois il est très important de ne pas oublier que certaines situations peuvent être traumatiques et avoir des effets dans la construction identitaire selon un schéma d’actions masquées pendant des années. Ce schème tirera dans le même sens la priorisation de ces derniers ou établira un conflit intrapsychique entre deux d’entre eux par exemple la défense de ses intérêts pour lutter contre l’injustice vécue s’opposant à la valeur inculquée de respecter les autres plus que soi et cela, en particulier, dans le cas des trauma déniés.

Parfois un voire quelques  événements traumatiques soit restent présents dans la mémoire sans effets masqués (comme ce fut le cas pour le coup de pelle reçu sur la tête lorsque que le petit dernier (6ans ) dans le cadre d’un chantier de maçonnerie passe au travers de ses frères qui ne le voient pas occupés qu’ils sont à charger une benne de sable, reçoit une pelle revenant dans sa position pour ramasser une autre pelletée de sable après avoir effectuée un voyage dans les airs permettant de projeter la précédente dans la benne, soit ils sont oubliés explicitement , comme ce fut le car pour la chute de ski qui fait vivre une expérience de vision de sa propre mort anticipée lors d’une glissage sans possibilité de la freiner vers un amas de rochers sur lequel la tête va se fracasser et ensuite faire perdre conscience, celle -ci sera engrangée dans une mémoire implicite qui produira des effets masqués conditionnant des comportements corporels  incompréhensibles avant l’explicitation précise de ce moment de grande peur,  soit encore déniés  comme ce fut le cas pour des trauma relationnels (attouchements et viols répétés ) que le mécanisme de dénégation va interdire d’encombrer la mémoire et la capacité d’actions pour protéger le construction de la personne, mais qui auront des effets étonnants dans le quotidien de la vie relationnelle de l’adulte.

Prenons un exemple concernant la construction identitaire de deux enfants d’une même fratrie. Si l’on regarde comment la place (premier/second) va les engager dans leurs relations. Si l’un des deux polarise ses interactions dans la défense de son espace et se trouve en rivalité avec le second du fait de sa place, place qu’il n’a pas choisie , et si le second construit sa relation dans cette forme de rivalité subie, il va se construire deux identités qui vont facilement polariser l’objectif de relation de défense de leur maximum d’intérêt et cette polarisation quotidienne va construire une identité de défense qui se manifestera dans toutes leurs relations d’adulte. Si dans la même famille le troisième et le quatrième établissent spontanément des relations de coopération dès la prime enfance, ils élaboreront deux personnalités plutôt  collaboratives.

Cette manière de percevoir les évolutions relationnelles entre les acteurs du quotidien ou avec l’environnement non humain et ainsi de pouvoir caractériser la structure d’une personnalité, est possible grâce à la découverte des seuls quatre objectifs de relation envisageables définissant le principe d’incertitude[1] en science humaines.   

La stimulation de ces quatre objectifs polarisés réalise un dialogue et une alternance tous les millièmes de seconde entre eux et de façon spécifique par chaque enfant. Ce dialogue conduit à une polarisation de l’un d’entre eux de façon plus habituelle (rigidifiant la personnalité ) dès les premier jours de la vie en fonction des relations qui s’établissent avec les parents et la fratrie. A l’aide d’une simple opération mathématique, nous pouvons déduire que des milliards de possibilités de construction identitaires peuvent s’édifier ce que nous observons chaque jour.

En effet, puisque à tous les instants il y a factorielle 4 possibilités (soit 24)[2]. Dans une journée de 24h si on considère que pendant le sommeil les positionnements significatifs se renforcent par l’activité du cerveau durant le sommeil, nous avons 24x 3 600 000 renforcements pendant une année (365j)  cela donne 131 410 000 profils et sur 10 ans par exemple  1 milliard 314100 personnalités !!!!

La personnalité est donc le résultat d’un long processus qui cristallise et organise la structure d’une identité.

Peut-on connaitre la structure de cette identité ?

 

Si nous nous posons la question à quel moment cette personnalité acquise par l’histoire se manifeste-t-elle ? nous constatons facilement qu’elle va s’exprimer dans l’immédiat du temps. Autrement dit, elle se présente dans les attitudes, les comportements et les décisions prises tous les millièmes de seconde[3] lors de l’interaction avec d’autres personnes, tout comme avec l’environnement naturel et social. Dans ce temps, quels sont les éléments de la personnalité qui interviennent ? 

L’identité d’une personne est composée des trois dimensions que sont les facteurs de socialité, les facteurs du système de valeur et les éléments constituant le système de connaissance et de raisonnement (Michit H et R 1998)[4]. Cependant, au regard des études sur la prise de décision concernant la réactivité spontanée des micro décisions, il a pu être mis en évidence que toutes les micro actions-décisions se réalisent en ayant pris en compte deux perceptions sensorielles et mnésiques ainsi qu’une vision globale de la situation présente au moment de la mise en œuvre de la micro décision. Associée à cette prise d’informations, l’acteur identifie les importants de la situation qui lui importent et qu’il hiérarchise. De cette hiérarchisation, il choisit le moyen lui apparaissant comme le plus ajusté en fonction de tous ceux qu’il identifie comme possibles et qui semble ajustés pour agir dans cet immédiateté du temps.

De cette analyse il est facile de conclure que la personnalité se structure autour de ce micro-processus décisionnel agi dans l’immédiateté du temps de l’action et de la pensée. Celui-ci est fortement organisé, architecturé et voire rigidifié par l’histoire des activités relationnelles.

 

De la mise en évidence de la structure d’une personnalité il devient possible d’envisager le changement de cette personnalité.

La démarche généralement assez longue, consiste dans un premier temps de faire découvrir les importants pris en compte lors d’une micro action, dans un deuxième temps, il convient d’aider à mettre en évidence comment la personne les a hiérarchisés. Ainsi, par ce travail de prise de conscience, il est possible de faire modifier d’une part la nature et le nombre des importants pris en compte, ensuite leur hiérarchie en fonction de la loi de situation identifiée par les éléments qui la constituent grâce à la sensorialité réelle et mnésique qui structure les perceptions.

Ce travail très engageant peut l’acteur à modifier ses prises de décision lors des millièmes de seconde ce qui de toute évidence change les comportements et les attitudes et en conséquence la personnalité. C’est ainsi qu’on peut limiter les passages à l’acte des récidives délictueuses.  

 



[1] Le principe d’incertitude énonce d’une part qu’il est impossible de connaître avec certitude l’objectif de relation d’un interlocuteur lors du premier abord, d’autre part que cet objectif de relation peut changer d’une seconde à l’autre. Michit R. Comon T. 2001 conflit comprendre pour agir ed chronique sociale Lyon. 

[2] Pourquoi 4 ! (factorielle 4) car si par exemple la relation de défense de ses intérêts est priorisée, l’enfant va pouvoir lui associer comme objectif possible proche et stimulable rapidement soit la recherche d’échange d’être ( affection, câlin) soit celle de coopération par le jeu, soit celle de la protection en abandonnant son désir de possession à la volonté de l’autre et en acceptant le caprice de son agresseur en prenant une position de soumission . Cela donne trois formes de comportement qui vont devenir une personnalité. Mais à cette configuration seront possible deux autres configurations soit par exemple Max d’intérêt associé à EE qui peuvent se combiner soit avec coopération en troisième et protection en quatrième ou l’inverse protection et coopération, on obtient 6 profils de comportements et en opérant de la même manière lorsque la première polarisation concerne la coopération, l’EE ou la protection cela fait 24 possibilités de positionnements.

[3] On ne parle pas ici du temps de réaction entre perception et activité motrice qui est de l’ordre de 0,4 seconde, on parle du temps des activités neuronales qui elle sont de l’ordre du 300ième de seconde et nous avons mis en évidence entre deux actions explicites présente dans le cerveau entre par exemple la perception et la réaction affective il y a la place de quatre autres actions ce qui conduit à dire que l’activité du cerveaux qui nous intéresse est de l’ordre du millième de seconde.

[4] Identité psychosociale diagnostic et renforcement Grenoble MC2R dans cet ouvrage il est présenté que toute identité humaine est psycho-sociale. La dimension de socialité se trouve principalement dans  la combinaison des facteurs de la position sociale [statuts, rôles (missions), groupe d’appartenance, ressources ou capital, (financier, social, culturel symbolique), les univers de relation et la position dans l’espace] avec eux de la dimension du système de valeurs qui s’organise autour des représentations sociale, des idéologies et des a priori fondamentaux qui sont des prises de position existentielles relatives aux constantes structurelles de la vie humaine (mortelle, grégaire, libre, en quête de vérité dans la connaissance et vivant dans un environnement et en relation avec des autres tout en état régie par une autorité) associée aux dimensions psychologiques ou individuelles qui se composent de l’acquisition des connaissances avec l’activation des principes de raisonnement combiné au potentiel d’action (la capacité à rendre des décisions ajustées tous les millièmes de seconde).