Peut-on changer une personnalité ?
J’ai posé la question à un grand nombre de personnes. La réponse
est généralement négative. La raison invoquée met en évidence qu’une
personnalité est une construction élaborée au cours de toute une histoire de
vie qui a construit les comportements et les attitudes comme des habitudes érigées
comme des structures qui permettent d’équilibrer une identité comme une
ossature de charpente assure la stabilité d’un édifice.
Il est à noter, comme il arrive souvent, que les personnes
répondent sans avoir pris le temps d’analyser ce qu’est la structure d’une
personnalité.
En effet, sans aucun doute, l’identité est le fruit de toute
l’histoire d’une personne.
Cette histoire a commencé dès la naissance en accumulant les
expériences significatives seconde après seconde. Celles-ci vont s’engrammer
lentement par couches successives du fait de la répétition des micro-actions du
quotidien qui étonnamment sont toutes semblables. Dans le cas de la
superposition par couches successives la personnalité surgit du fait non
seulement de la toute première structure identitaire du bébé mais aussi de celle
des parents éducateurs, camarades et collègues lors des interactions journalières
avec ces acteurs. Ces interactions vont peu à peu orienter les habitudes de
l’enfant dans ses « choix » spontanés vers l’un des quatre des objectifs de relation
influençant systématiquement sa réactivité relationnelle en priorisant l’un
deux implicitement.
Toutefois il est très important de ne pas oublier que certaines
situations peuvent être traumatiques et avoir des effets dans la construction identitaire
selon un schéma d’actions masquées pendant des années. Ce schème tirera dans le
même sens la priorisation de ces derniers ou établira un conflit intrapsychique
entre deux d’entre eux par exemple la défense de ses intérêts pour lutter
contre l’injustice vécue s’opposant à la valeur inculquée de respecter les
autres plus que soi et cela, en particulier, dans le cas des trauma déniés.
Parfois un voire quelques événements traumatiques soit restent présents
dans la mémoire sans effets masqués (comme ce fut le cas pour le coup de pelle
reçu sur la tête lorsque que le petit dernier (6ans ) dans le cadre d’un
chantier de maçonnerie passe au travers de ses frères qui ne le voient pas
occupés qu’ils sont à charger une benne de sable, reçoit une pelle revenant
dans sa position pour ramasser une autre pelletée de sable après avoir
effectuée un voyage dans les airs permettant de projeter la précédente dans la
benne, soit ils sont oubliés explicitement , comme ce fut le car pour la chute
de ski qui fait vivre une expérience de vision de sa propre mort anticipée lors
d’une glissage sans possibilité de la freiner vers un amas de rochers sur
lequel la tête va se fracasser et ensuite faire perdre conscience, celle -ci sera
engrangée dans une mémoire implicite qui produira des effets masqués
conditionnant des comportements corporels incompréhensibles avant l’explicitation précise
de ce moment de grande peur, soit encore
déniés comme ce fut le cas pour des
trauma relationnels (attouchements et viols répétés ) que le mécanisme de
dénégation va interdire d’encombrer la mémoire et la capacité d’actions pour
protéger le construction de la personne, mais qui auront des effets étonnants
dans le quotidien de la vie relationnelle de l’adulte.
Prenons un exemple concernant la construction identitaire de deux
enfants d’une même fratrie. Si l’on regarde comment la place (premier/second) va
les engager dans leurs relations. Si l’un des deux polarise ses interactions
dans la défense de son espace et se trouve en rivalité avec le second du fait
de sa place, place qu’il n’a pas choisie , et si le second construit sa
relation dans cette forme de rivalité subie, il va se construire deux identités
qui vont facilement polariser l’objectif de relation de défense de leur maximum
d’intérêt et cette polarisation quotidienne va construire une identité de
défense qui se manifestera dans toutes leurs relations d’adulte. Si dans la
même famille le troisième et le quatrième établissent spontanément des relations
de coopération dès la prime enfance, ils élaboreront deux personnalités plutôt collaboratives.
Cette manière de percevoir les évolutions relationnelles entre les
acteurs du quotidien ou avec l’environnement non humain et ainsi de pouvoir
caractériser la structure d’une personnalité, est possible grâce à la
découverte des seuls quatre objectifs de relation envisageables définissant le
principe d’incertitude[1]
en science humaines.
La stimulation de ces quatre objectifs polarisés réalise un
dialogue et une alternance tous les millièmes de seconde entre eux et de façon
spécifique par chaque enfant. Ce dialogue conduit à une polarisation de l’un
d’entre eux de façon plus habituelle (rigidifiant la personnalité ) dès les
premier jours de la vie en fonction des relations qui s’établissent avec les
parents et la fratrie. A l’aide d’une simple opération mathématique, nous
pouvons déduire que des milliards de possibilités de construction identitaires
peuvent s’édifier ce que nous observons chaque jour.
En effet, puisque à tous les instants il y a factorielle 4 possibilités
(soit 24)[2]. Dans une journée de
24h si on considère que pendant le sommeil les positionnements significatifs se
renforcent par l’activité du cerveau durant le sommeil, nous avons 24x 3 600
000 renforcements pendant une année (365j)
cela donne 131 410 000 profils et sur 10 ans par exemple 1 milliard 314100 personnalités !!!!
La personnalité est donc le résultat d’un
long processus qui cristallise et organise la structure d’une identité.
Peut-on connaitre la structure de cette
identité ?
Si nous nous posons la question à quel moment cette personnalité
acquise par l’histoire se manifeste-t-elle ? nous constatons facilement
qu’elle va s’exprimer dans l’immédiat du temps. Autrement dit, elle se présente
dans les attitudes, les comportements et les décisions prises tous les
millièmes de seconde[3]
lors de l’interaction avec d’autres personnes, tout comme avec l’environnement
naturel et social. Dans ce temps, quels sont les éléments de la personnalité
qui interviennent ?
L’identité d’une personne est composée des trois dimensions que
sont les facteurs de socialité, les facteurs du système de valeur et les
éléments constituant le système de connaissance et de raisonnement (Michit H et
R 1998)[4].
Cependant, au regard des études sur la prise de décision concernant la
réactivité spontanée des micro décisions, il a pu être mis en évidence que
toutes les micro actions-décisions se réalisent en ayant pris en compte deux
perceptions sensorielles et mnésiques ainsi qu’une vision globale de la
situation présente au moment de la mise en œuvre de la micro décision. Associée
à cette prise d’informations, l’acteur identifie les importants de la situation
qui lui importent et qu’il hiérarchise. De cette hiérarchisation, il choisit le
moyen lui apparaissant comme le plus ajusté en fonction de tous ceux qu’il
identifie comme possibles et qui semble ajustés pour agir dans cet immédiateté
du temps.
De cette analyse il est facile de conclure que la personnalité se
structure autour de ce micro-processus décisionnel agi dans l’immédiateté du
temps de l’action et de la pensée. Celui-ci est fortement organisé,
architecturé et voire rigidifié par l’histoire des activités relationnelles.
De la mise en évidence de la structure d’une personnalité il
devient possible d’envisager le changement de cette personnalité.
La démarche généralement assez longue, consiste dans un premier
temps de faire découvrir les importants pris en compte lors d’une micro action,
dans un deuxième temps, il convient d’aider à mettre en évidence comment la
personne les a hiérarchisés. Ainsi, par ce travail de prise de conscience, il
est possible de faire modifier d’une part la nature et le nombre des importants
pris en compte, ensuite leur hiérarchie en fonction de la loi de situation identifiée
par les éléments qui la constituent grâce à la sensorialité réelle et mnésique
qui structure les perceptions.
Ce travail très engageant peut l’acteur à modifier ses prises de
décision lors des millièmes de seconde ce qui de toute évidence change les
comportements et les attitudes et en conséquence la personnalité. C’est ainsi
qu’on peut limiter les passages à l’acte des récidives délictueuses.
[1] Le principe d’incertitude énonce d’une part qu’il est impossible de connaître avec certitude l’objectif de relation d’un interlocuteur lors du premier abord, d’autre part que cet objectif de relation peut changer d’une seconde à l’autre. Michit R. Comon T. 2001 conflit comprendre pour agir ed chronique sociale Lyon.
[2] Pourquoi
4 ! (factorielle 4) car si par exemple la relation de défense de ses
intérêts est priorisée, l’enfant va pouvoir lui associer comme objectif possible
proche et stimulable rapidement soit la recherche d’échange d’être ( affection,
câlin) soit celle de coopération par le jeu, soit celle de la protection en
abandonnant son désir de possession à la volonté de l’autre et en acceptant le
caprice de son agresseur en prenant une position de soumission . Cela
donne trois formes de comportement qui vont devenir une personnalité. Mais à
cette configuration seront possible deux autres configurations soit par exemple
Max d’intérêt associé à EE qui peuvent se combiner soit avec coopération en
troisième et protection en quatrième ou l’inverse protection et coopération, on
obtient 6 profils de comportements et en opérant de la même manière lorsque la
première polarisation concerne la coopération, l’EE ou la protection cela fait
24 possibilités de positionnements.
[3] On ne
parle pas ici du temps de réaction entre perception et activité motrice qui est
de l’ordre de 0,4 seconde, on parle du temps des activités neuronales qui elle
sont de l’ordre du 300ième de seconde et nous avons mis en évidence entre deux
actions explicites présente dans le cerveau entre par exemple la perception et
la réaction affective il y a la place de quatre autres actions ce qui conduit à
dire que l’activité du cerveaux qui nous intéresse est de l’ordre du millième
de seconde.
[4] Identité
psychosociale diagnostic et renforcement Grenoble MC2R dans cet ouvrage il
est présenté que toute identité humaine est psycho-sociale. La dimension de
socialité se trouve principalement dans
la combinaison des facteurs de la position sociale [statuts,
rôles (missions), groupe d’appartenance, ressources ou capital, (financier,
social, culturel symbolique), les univers de relation et la position dans
l’espace] avec eux de la dimension du système de valeurs qui s’organise
autour des représentations sociale, des idéologies et des a priori fondamentaux
qui sont des prises de position existentielles relatives aux constantes
structurelles de la vie humaine (mortelle, grégaire, libre, en quête de vérité
dans la connaissance et vivant dans un environnement et en relation avec des
autres tout en état régie par une autorité) associée aux dimensions psychologiques
ou individuelles qui se composent de l’acquisition des connaissances avec
l’activation des principes de raisonnement combiné au potentiel d’action (la
capacité à rendre des décisions ajustées tous les millièmes de seconde).