lundi 20 mars 2023

Analyse de pratique Et méthode de coaching la parole et les actions des acteurs sont des objets et des objets éthiques

 

 

Toute parole comme toute action sont des actes ; elles possèdent bien une dimension éthique.

On peut donc poser la question suivante

QUAND TU DIS CELA OU QUAND TU FAIS CELA TU FAIS QUOI ?

Nous avons vu que pour chaque acte il y a 6 réponse possibles au moins

 

Si nous nous mettons dans la perspective d’Austin J.L (1962),How to do Things with words, Oxford University Press, trad.( 1970), Quand dire c'est faire, Paris seuil), qui met en lumière que la parole est action, nous pouvons concevoir et  animer les groupes d’analyse de pratique et les accompagnements de coaching  comme l’analyse de la justesse des actions de parole ou des action d’intervention comme des productions de la personne.

Ces productions sont de fait des décisions-actions réalisées dans l’immédiateté de l’action en ayant pris en compte des informations que l’auteur a mises en ordre après avoir hiérarchisé leur importance en fonction d’un système de valeurs ou système d’enjeux et importants identifiés et présents dans les événements dans lesquels il intervient. Cette hiérarchisation relève donc d’un jugement appréciant les éléments de la situation après un discernement de l’ajustement de son action. Ce discernement il le fera en identifiant la loi ou structure de la situation qu’il découvre soit de façon instrumentée lui permettant d’accéder à une forme objectivée de son jugement soit à partir de ses a priori, ses opinions, ses sentiments, ses perceptions limitées qui énonce une évaluation subjectivée car elle ne prend pas en compte l’ensemble des importants de la situation.

La démarche d’analyse d’une pratique alors va s’intéresser à toutes les micro actions de l’acteur conçues comme des décisions-actions. Elle va s’y intéresser de deux façon ;  

·       d’une part avec l’objectif d’identifier les actions selon la catégorie d’action qui lui correspond:

o   chaque action relève d’une forme décisionnelle : par exemple dire à quelqu’un que son action n’est pas ajustée relève de la forme « évaluation » , dire à quelqu’un « tu dois faire telle action » relève de la catégorie de « l’ordre ». la personne qui explique ce qu’elle a fait relève de la forme « justification » ou « explication » selon l’objectif de la relation.

·       d’autre part, en s’appuyant sur la structure des micro processus décisionnels (Michit R., Comon T. quand l’art de manager devient une science 2018 MC2R Grenoble montrent qu’une décision-action pour être ajustée doit prendre en compte 4 perceptions, mises en lien à 3 importants hiérarchisés de façon à en prioriser un sur les trois),

o   il est donc possible d’analyser la pertinence d’une action au regard de l’objectivation de la situation dans laquelle elle a été posée. Le travail d’énonciation des éléments pris en compte (distingués entre perceptions et importants) permet à chaque acteur de découvrir les axes d’amélioration à mettre en œuvre pour être plus ajusté dans son action. L’analyse des enjeux et importants discernés et hiérarchisé dispose spontanément l’analyse dans le champ de l’éthique de façon toute naturelle sans avoir recours à une comité d’éthique.

Exemple d’un processus d’accompagnement

Dans le cadre d’un échange professionnel, une collègue A fait des remarques à sa collègue B au sujet d’une personne que A accompagne dans le cadre de l’insertion professionnelle et B pour l’ajustements de son quotidien aussi bien lors de ses relations peu adaptées avec les autres que lors de la manière dont elle prend soin d’elle-même.

A dit à B «elle vous manipule » , « elle dissimule et vous ne voyez rien », « vous êtes dans le monde des bisous nours »…

B reçoit les affirmations de sa collègue (qui, dans le même temps affirme « moi je m’y connais avec ces personnes , je suis experte de ces situations d’accompagnement »), comme une évaluation de sa pratique et de ses interventions mais aussi comme une évaluation de sa personne.

Lors d’un temps d’analyse des pratiques, B présente la situation dans le but de trouver une manière d’entrer en relation professionnelle avec sa collègue car elle trouve les propos déplacés et blessant lui stimulant une réaction trop affective.

L’animateur prend le récit de B qui confie son mal-être au groupe comme un "objet d’actions" à analyser dans lequel elle énonce d’une part qu’elle reçoit très mal les évaluations de sa collègue, d’autre part qu’elle se trouve démunie concernant ce qu’elle peut bien engager comme relation professionnelle avec A.

Renonçant à se lancer dans une évaluation des actions des deux professionnelles, dans le seul but d’aider B à trouver une réponse adaptée à son mal être et à sa question, il propose à B de découvrir les actions qu’elle fait quand elle témoigne de cette situation dans le groupe ; il lui pose la question suivante :

 « Vous faites quoi à A quand vous nous dites qu’elle vous met en difficulté et que vous ne savez pas comment entrer en relation avec elle. ? »

La question étonne et après un temps de réflexion B peut dire :

« j’évalue que ce qu’elle me dit n’est pas juste »

Puis il propose la question suivante pour faire identifier l’objectif de son action :

«quel est votre but quand vous nous présentez votre évaluation ? ».

« Je cherche une solution pour trouver la manière de communiquer afin de lui dire que ce qu’elle dit n’est pas juste, que son évaluation me blesse et que je la trouve injuste. »

« Donc vous faites quoi ? »

« J’évalue son action : elle n’est pas juste »

Et ?........

« J’évalue qu’elle est injuste envers moi. »

Si maintenant nous nous intéressons à A ; que fait elle ?

-          de toute évidence, elle m’évalue en disant que je me laisse manipuler

-          et ?...

-          elle évalue la personne accompagnée en tant qu’elle dissimule et me manipule.

* Quelle est la différence de nature des actions de vous et de votre collègue ?

-  Elles sont semblables puisque qu’elle m’évalue et moi je l’évalue comme faisant envers moi  une action inappropriée.

* Et donc ? ….

- Nous sommes dans le même registre d’actions.

* Comment changer de registre de communication ?... je vous aide….

…Quand elle vous évalue et que vous trouvez que cela n’est pas ajusté, vous le faites à partir de quoi ?  

-          Je perçois des choses de la relation entre moi et l’accompagnée qu’elle ne prend pas en compte

Donc elle évalue votre action avec un manque d’informations, elle est donc obligée d’interpréter ce qu’elle perçoit en fonction de son système d’appréciation.

-          Elle interprète donc mon action sans connaitre avec précision les éléments que j’ai pris en compte pour mon accompagnement….. !

* Vous quand vous évaluez que son évaluation n’est pas juste vous le faites à partir de quoi ?

- J’évalue avec les éléments que je perçois d’elle !...

* Avez-vous toutes les informations qui vous permettent de savoir ce qu’elle a traité comme informations pour vous évaluer ?

- Non je ne sais pas ce qui s’est passé dans son cerveau pour le faire et à partir de quoi elle le fait,… je suis dans la même situation…

* Pour changer de registre de communication et trouver comment faire avec elle qu’est ce qui est possible de faire ?

- Sortir d’une évaluation en carence d’informations.

* Donc

- Il faut que je lui demande « qu’est-ce qui s’est passé dans son cerveau pour énoncer son évaluation, »

* Et ensuite lui faire découvrir que dans son micro processus décisionnel, elle a peut-être oublié de s’intéresser à vous et à ce que vous mettez en œuvre dans l’accompagnement qui pourrait être différent d’elle en particulier dans le discernement de ce qui pour elle est important et ce qui pour vous est impératif .